On trouvait dans l'espace un monde avec un creux.
Un monde idyllique où vivaient des gens heureux.
Une planète ayant très longtemps prospéré.
Car l'ensemble de son peuple était fédéré.
L'origine de ce creux restait un mystère.
Il plongeait à plusieurs kilomètres sous terre.
Mais nul ne se posait l'habile question.
Pourquoi s'était formé ce très large sillon.

Chacun avait alors son occupation.
Ne ressentait pas la moindre obligation.
De s'interroger sur ce curieux passé.
Pourquoi tout un pan du sol était effacé.
Personne n'exprimait la moindre inquiétude.
Personne n'y trouvait un bon sujet d'étude.
Ce trou béant était au final la victime.
D'ignorance crasse en tous points illégitime.

Ce monde préférait jouer de la musique.
À la structure en fin de compte assez basique.
Il avait conçu de nouveaux types de sons.
Qui du solfège ne suivait pas les leçons.
Adaptés sans heurt aux formats publicitaires.
Vers d'oreille glissés chez ses destinataires.
L'école s'en servait pour s'auto-promouvoir.
Son chant exprimait par contre le désespoir.

Et ça pulse au campus, et ça pulse au campus ...
Et ça pulse au campus, et ça pulse pulse pulse ...
Et ça pulse au campus, et ça pulse au campus ...
Et ça pulse au campus, et ça pulse pulse pulse ...
Et ça pulse au campus, et ça pulse au campus ...
Et ça pulse au campus, et ça pulse pulse pulse ...
Et ça pulse au campus, et ça pulse au campus ...
Et ça pulse au campus, et ça pulse pulse pulse ...

Et ça pulse au campus, et ça pulse au campus ...
On écoute de la Saucissewave. On écoute de la Saucissewave.
Et ça pulse au campus, et ça pulse pulse pulse ...
On écoute de la Saucissewave. On écoute de la Saucissewave.
Et ça pulse au campus, et ça pulse au campus ...
On écoute de la Saucissewave. On écoute de la Saucissewave.
Et ça pulse au campus, et ça pulse pulse pulse ...
On écoute de la Saucissewave. On écoute de la Saucissewave.
Et ça pulse au campus, et ça pulse au campus ...
On écoute de la Saucissewave. On écoute de la Saucissewave.
Et ça pulse au campus, et ça pulse pulse pulse ...
On écoute de la Saucissewave. On écoute de la Saucissewave.
Et ça pulse au campus, et ça pulse au campus ...
On écoute de la Saucissewave. On écoute de la Saucissewave.
Et ça pulse au campus, et ça pulse pulse pulse ...
On écoute de la Saucissewave. On écoute de la Saucissewave.

Un jour, de tout nouveaux creux étaient apparus.
Gugusses par milliers, d'un seul coup disparus.
On supposait que tous ces gens étaient tombés.
Dans ces tout nouveaux trous, ils s'étaient embourbés.
Analyser le drame était très convenu.
Ce choix n'avait alors pas été retenu.
La mode suggérait plutôt le numérique.
Sans le moindre rapport avec le tellurique.

Pourquoi donc chercher à prévenir le problème.
Il était en plein cœur d'un notable dilemme.
Prévenir le souci coûtait beaucoup trop cher.
Et n'était soutenu par aucun supporter.
Ouvrir un numéro, l'appel serait gratuit.
Il serait à l'écoute, et ce même à minuit.
La personne croirait alors être écoutée.
Ça ne donnerait pas de valeur ajoutée.

Paradoxalement, tout était très coûteux.
En fait conçu par un prestataire douteux.
Poussant les outils dans leurs limites techniques.
Poussant ses employés vers les bonnes cliniques.
Il réécrivait les règles du téléphone.
Son service n'allait en fait aider personne.
Abandonné par la suite, inutilisable.
Sans nouveau téléphone, il n'était pas joignable.

En bois en briques ou en métal.
Pour les clôtures j'ai des fixtures.
Huile beurre saindoux ou margarine.
Pour les fritures j'ai des fixtures.
Des artisans couvreurs zingueurs.
Pour les toitures j'ai des fixtures.
Deux places coupé cabriolet.
Pour les voitures j'ai des fixtures.
Films de genre et musique du monde.
Pour la culture j'ai des fixtures.
BDs et romans policiers.
Pour la lecture j'ai des fixtures.
Plantes grimpantes et arbres fruitiers.
Pour la nature j'ai des fixtures.
Gouache fusain ou encre de Chine.
Pour la peinture j'ai des fixtures.

Allô ?
Fraise rhubarbe orange cassis.
Allô ?
En confitures j'ai des fixtures.
ALLÔ ?
D'hiver d'été plaids et couettes.
Il y a quelqu'un ?
En couvertures j'ai des fixtures.
ALLÔ ?
Formulaires en trente exemplaires.
Vous m'entendez ?
En préfectures j'ai des fixtures.
ALLÔÔ ?
Crayons stylos cachets de cire.
AALLÔÔÔ ?
En signatures j'ai des fixtures.
ALLÔÔ ?
Eau froide crème et pansements.
ALLÔÔ ?
Pour les brûlures j'ai des fixtures.
Ça capte pas, hein !
Baskets bottes et charentaises.
ALLÔÔ ?
Pour les chaussures j'ai des fixtures.
Je vous entends pas !
Shampoing tondeuses peignes et brosses.
ALLÔÔ ?
Pour les coiffures j'ai des fixtures.
Parlez plus fort !
Déchets poubelles et groupes fascistes.
AALLÔÔÔ ?
Pour les ordures j'ai des fixtures.

Les creux continuaient de se former sans cesse.
De ce fait le moral du peuple était en baisse.
Le numéro d'écoute était donc un échec.
Il fallait l'arrêter, en étant assez sec.
Prévenir le souci devenait donc urgent.
Les intérêts n'avaient pas de point convergent.
On cherchait alors des solutions stupides.
Les gens les décidant étant tous très cupides.

Face à l'inaction âprement constatée.
La radicalité devait être exploitée.
Quitte à maîtriser la haute technologie.
Autant l'utiliser avec pédagogie.
Et décentraliser était une option.
Sur la suggestion de groupes d'action.
Mais jamais encore on n'avait effectué.
Pareille action dans un réel situé.

Ainsi les creux furent donc décentralisés.
Par une équipe de gens spécialisés.
Nul n'avait compris ce que ça réalisait.
Pas même ce que ces personnes en faisaient.
L’inexplicable se produit sans prévenir.
Cette action que nul ne pouvait définir.
Avait généré de gros insectes mutants.
Comme on n'en avait pas vu depuis très longtemps.

Décentraliser un caillou ça fait un grand tas de graviers.
Décentraliser un bambou ça fait un panda affamé.
Décentraliser un grillon ça fait qu'on entend moins de bruit.
Décentraliser un cochon ça fait un plat de charcuterie.
Décentraliser un cahier ça fait plein de feuilles de classeur.
Décentraliser un chalet ça fait partir tous les skieurs.
Décentraliser une peinture ça fait des murs couverts de tâches.
Décentraliser une couture ça fait un vêtement qui lâche.

Décentraliser un damier ça fait un jeu moins enfantin.
Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique. Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique.
Décentraliser un pommier ça fait une tarte tatin.
Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique. Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique.
Décentraliser un chapeau ça fait risquer l'insolation.
Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique. Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique.
Décentraliser un troupeau ça fait poser une démission.
Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique. Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique.
Décentraliser une maison ça fait un logement pas pratique.
Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique. Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique.
Décentraliser une saison ça fait une série atypique.
Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique. Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique.
Décentraliser une touillette ça fait un café dégueulasse.
Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique. Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique.
Décentraliser une assiette ça fait un truc bon pour la casse.
Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique. Les moustiques, les moustiques, les moustiques ça pique.

Les moustiques géants avaient tout perturbé.
Et le souci de creux n'était pas résorbé.
Jusqu'alors, tout n'avait fait que de s'empirer.
Le peuple ne pouvait donc que se déchirer.
Alors les dirigeants en avaient profité.
Renforçant leur pouvoir, c'était prémédité.
Si le monde était sur le point de s'effondrer.
Leurs priorités il leur faudrait recadrer.

Il leur fallait d'abord sécuriser les vivres.
Il était indiqué dans bon nombre de livres.
Qu'il faudrait avant tout chercher à préserver.
L'eau froide servant à tout bien mieux conserver.
Une portion des gens s'était contentée.
D'une boisson vitale alors ébouillantée.
Cette restriction serait justifiée.
Par une rigueur de forme inappropriée.

Une autre portion des gens réagissait.
Vindicativement et bien plus s'agaçait.
Et refusait sans la moindre hésitation.
Ce qui n'était là qu'une humiliation.
L'eau tiède, et puis la peur des moustiques géants.
Et l'on peut ajouter ces affreux trous béants.
C'était là bien trop pour la population.
Qui renonçait à la négociation.

Pour arroser les plantes vertes ou pour nettoyer la desserte.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Pour se rincer les cheveux ou pour hydrater son neveu.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Pour gâcher une sauce tomate ou pour casser un automate.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Pour humidifier la pièce ou pour ressentir la vieillesse.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Pour combattre la chaleur ou pour apaiser la douleur.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Pour préparer des cocktails ou pour repasser la dentelle.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Pour relever une sauce forte ou pour tâcher un mini-short.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Pour conserver des harengs ou pour offrir à ses parents.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU

Coulure de gerbe
Fosse à chiasse
Pour coller la tapisserie ou pour revendre en épicerie.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Glaire de fion
Sac à merde
Pour affiner un fromage ou pour cuire la potion d'un mage.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Coulure de gerbe
Fosse à chiasse
Pour graisser un plat au four ou pour jeter du haut d'une tour.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Glaire de fion
Sac à merde
Pour alimenter un chien ou pour éponger le doyen.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Coulure de gerbe
Fosse à chiasse
Pour faire reluire une voiture ou pour lier une confiture.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Glaire de fion
Sac à merde
Pour faire tremper un poisson ou pour préparer des glaçons.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Coulure de gerbe
Fosse à chiasse
Pour détruire un magazine ou pour régner dans la cuisine.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU
Glaire de fion
Sac à merde
Pour remplir une bonne bouteille ou pour boucher ses deux oreilles.
TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU TIÈDE L'EAU

Et donc la guerre avait bel et bien débuté.
Ici nul compromis ne serait discuté.
La masse d'exploités n'avait pas d'autre choix.
Il leur fallait ici faire feu de tout bois.
Leurs ennemis étaient d'autres gens exploités.
Aveuglés par tous ces discours bien trop datés.
Défendant un projet jugé liberticide.
Causant finalement la lutte fratricide.

Les moustiques avaient péri pendant la guerre.
Pour eux également elle était meurtrière.
Et puis après avoir volé toute l'eau froide.
Les dirigeants l'avaient convertie en cascade.
Gaspillant tout ce qu'il restait de ce liquide.
Provoquant une fin par cet acte stupide.
Celle d'un monde sans moyen de s'hydrater.
La faute d'un pouvoir qu'il fallait éclater.

La planète s'était complètement éteinte.
Et l'on n'entendrait plus jamais la moindre plainte.
Et les moyens n'ayant pas été déployés.
Les corps des moult défunts étaient tous fossoyés.
Par tous ces creux sur la planète se formant.
Sans explication, toujours bizarrement.
Les dépouilles seront alors bien conservées.
Jamais ces cavités ne seront observées.